Le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) est devenu un document incontournable dans l’immobilier français. Il influence non seulement la valeur des biens, mais aussi leur mise en location, puisque les logements considérés comme “passoires thermiques” sont progressivement exclus du marché locatif. À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, une réforme importante entrera en vigueur. Objectif : corriger certaines injustices dans le calcul du DPE, notamment pour les logements chauffés à l’électricité.
Mais concrètement, qu’est-ce qui change dans le DPE en 2026 ? Quels seront les effets pour les propriétaires, les locataires et le marché immobilier ?
Qu’est-ce que le DPE et pourquoi est-il central dans l’immobilier ?
Créé en 2006 et totalement refondu en 2021, le DPE sert à évaluer la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre d’un logement. Il attribue une note de A à G visible dans toutes les annonces immobilières et oriente les propriétaires sur les travaux prioritaires à réaliser.
Depuis 2023, son poids s’est considérablement accru :
- Les logements classés G ne peuvent plus être mis en location à partir de janvier 2025.
- Les biens en classe F seront concernés à compter de 2028.
- Ceux en classe E suivront en 2034.
En résumé, le DPE conditionne désormais l’habitabilité et la valeur économique d’un bien.
Qu’est-ce qui change dans le DPE en 2026 ?
La grande nouveauté concerne le coefficient de conversion de l’électricité en énergie primaire. Aujourd’hui fixé à 2,3, ce coefficient sera abaissé à 1,9 au 1ᵉʳ janvier 2026.
En pratique, cela signifie que l’électricité sera jugée moins défavorable dans le calcul. Un logement chauffé à l’électricité consommera toujours la même quantité d’énergie réelle, mais son étiquette énergétique s’améliorera mécaniquement.
Exemple concret
Un appartement classé F avec chauffage électrique pourrait passer en E, voire en D, sans qu’aucun travaux n’ait été réalisé. Selon le gouvernement, environ 850 000 logements devraient ainsi sortir du statut de passoires thermiques.
Pourquoi ce changement était-il attendu ?
Depuis la réforme de 2021, de nombreux propriétaires de logements électriques dénonçaient une pénalisation excessive. En effet, l’électricité est considérée comme une énergie primaire fortement convertie, alors même que son contenu carbone est relativement faible en France grâce au nucléaire et aux renouvelables.
Résultat : certains logements modernes, bien isolés, mais chauffés à l’électricité, se retrouvaient paradoxalement en classe F ou G, au même niveau que des maisons anciennes chauffées au fioul. La réforme de 2026 vient donc rééquilibrer la donne.
Faut-il refaire son DPE après 2026 ?
Non, et c’est une bonne nouvelle pour les propriétaires. Les DPE réalisés avant 2026 resteront valables. À partir du 1er janvier 2026, il sera simplement possible de télécharger une attestation de nouvelle étiquette depuis le site de l’Observatoire DPE-Audit (ADEME).
Un simulateur en ligne sera également mis à votre disposition pour estimer la nouvelle note sans devoir repasser par un diagnostiqueur. En clair, pas besoins de refaire un diagnostic : l’étiquette sera automatiquement ajustée si le logement est concerné par l’amélioration.
Quels logements vont vraiment bénéficier de la réforme ?
Les grands gagnants sont :
- Les appartements chauffés à l’électricité, notamment dans les copropriétés construites dans les années 70-90.
- Les petites surfaces (studios, T1, T2), souvent chauffées aux convecteurs, où la consommation rapportée au m² est plus élevée.
- Les logements qui se situaient à la limite entre deux classes énergétiques : un F “limite” pourrait basculer en E.
À l’inverse, les maisons chauffées au gaz ou au fioul ne verront aucune amélioration automatique.
Quels impacts sur les propriétaires bailleurs ?
Pour les bailleurs, cette réforme change la donne :
- Certains biens initialement interdits à la location dès 2025 (classe G) pourraient retrouver une étiquette E ou D, et donc redevenir louables.
- Cela représente un soulagement économique important, puisqu’une rénovation globale peut coûter 30 000 à 60 000 € en moyenne.
En revanche, attention : la réforme ne dispense pas de travaux à long terme. Les échéances de 2028 et 2034 restent fixées, et les logements classés F ou E devront être rénovés pour rester sur le marché locatif.
Quid des acheteurs et des vendeurs ?
Pour les acheteurs, le DPE 2026 pourrait modifier la perception de certains biens. Un appartement électrique auparavant affiché en F sera plus attractif en D ou en E, avec un prix potentiellement plus élevé.
Pour les vendeurs, c’est une opportunité de revaloriser leur patrimoine sans investissement immédiat. Néanmoins, les acheteurs avertis devront rester vigilants : une amélioration liée uniquement au changement de calcul ne signifie pas que le logement est réellement plus économe.
Le marché immobilier va-t-il être bouleversé ?
Les professionnels anticipent plusieurs effets :
- Un coup de pouce au marché locatif, en redonnant de la valeur à des milliers de logements électriques.
- Moins de tensions dans les copropriétés, où des travaux lourds étaient envisagés pour éviter l’interdiction de louer.
- Mais aussi une possible confusion chez les acheteurs, qui devront distinguer les “améliorations réelles” (après travaux) des “améliorations administratives’ liées au nouveau calcul.
Faut-il attendre 2026 pour agir ?
Pas forcément. Si votre logement est déjà en classe E, D ou supérieure, la réforme sera un bonus. Mais si vous êtes en F ou G avec chauffage au gaz ou au fioul, aucune amélioration automatique n’est prévue. Dans ce cas, lancer un audit énergétique et planifier des travaux reste la meilleure solution.
La réforme du DPE 2026 apporte une correction attendue depuis longtemps. Elle permettra à près d’un million de logements chauffés à l’électricité d’améliorer leur note énergétique, soulageant ainsi de nombreux propriétaires.
Cependant, il ne faut pas la considérer comme une solution miracle. Les échéances légales de 2028 et 2034 pour les classes F et E restent inchangées. En clair, cette réforme offre une bouffée d’oxygène immédiate, mais la transition énergétique et les travaux de rénovation demeurent incontournables pour valoriser durablement un bien.